La région Hesbaye-Meuse a connu une occupation humaine très ancienne. De nombreuses traces d’hommes de Cro-Magnon et de Neandertal ont été retrouvées dans la vallée de la Meuse, notamment dans la grotte d’Engis. A Ehein, les deux grottes de Lyelle et de Rosée ont livré des traces du Néolithique ancien et surtout les traces d’une faune très ancienne inconnue des scientifiques jusque 1999. Ces deux dernières grottes sont classées au patrimoine exceptionnel de Wallonie. La Hesbaye fut à la pointe de la révolution du Néolithique. La diffusion de l’agriculture dans la fertile région limoneuse permettra aux peuples venus des plaines du Danube de se sédentariser. La période Celte est moins connue même si on a retrouvé des traces de cette civilisation sur des sites parfois très anciens.
L'arrivée des troupes de César correspond au début de la période romaine dans notre région. S'ensuit alors une longue période de colonisation des peuples autochtones par les romains. Cette romanisation est pacifique et s’effectue sur le long terme. Un début de vie urbaine, des entreprises agricoles pilotes, les villae, ainsi qu’un réseau d’infrastructures de transports d’où ressortent principalement les fameuses chaussées romaines, sont les principaux apports de cette civilisation tout à fait originale. A partir du IIIe siècle, l’Empire romain fait l’objet d’attaques et d’incursions de plus en plus régulières de peuplades cantonnées derrière le Rhin. Elles préparent déjà les grandes migrations barbares du Ve siècle qui vont modifier complètement la carte géographique et politique de nos régions.
La colonisation franque prendra plusieurs siècles. Elle gardera beaucoup de structures de l'Epoque romaine et l'Empire de Charlemagne sera l'héritier de celui de Rome avec notamment le sacre de ce monarque en l'an 800. A la mort de l'empereur, l'autorité publique va se désagréger jusqu'à un émiettement en petits pouvoirs qui s'exercent sur une petite région voire sur un ou plusieurs villages. Aux XIIe et XIIIe siècles, des princes territoriaux vont réussir plus ou moins à fédérer en de petits états ces entités. Chez nous, la principauté de Liège réunira sous l'autorité d'un prince-évêque toutes ces minuscules seigneuries. Au Moyen Âge, le cadre de vie c'est le village avec son église, son château, ses grosses fermes et toutes les masures en bois et torchis de la majorité des paysans qui travaillent pour les plus riches afin d’assurer leur subsistance.
Après la parenthèse de Bourgogne, la principauté de Liège et nos villages ont un destin singulier. Le territoire dépendant de Liège garde une certaine indépendance par rapport au Saint Empire Romain Germanique totalement morcelé. Il se déclare neutre même si cette neutralité est perméable et qu'on permet les passages de troupes des grandes couronnes d'Europe qui en profitent pour se ravitailler dans la riche hesbaye. Plus d'une ferme et d'une abbaye seront pillées et incendiées par cette soldatesque indisciplinée. La vie au village profite toujours aux mêmes élites et de graves inégalités subsistent et provoquent des réactions à la fin du XVIIIe siècle. Si la prospérité et le raffinement culturel caractérisent ce siècle, sa fin se conclut par une révolution locale contre les dîmes et les droits féodaux, qui préfigure la Révolution française.
Avec le Régime français, c'est la modernisation entière de notre pays qui est en marche. L'uniformisation et la centralisation de l'administration et du système judiciaire, l'éviction des ordres religieux et d'une partie de la noblesse de la scène publique, ces quelques années jettent les bases modernes d'une nouvelle nation qui verra le jour, après une brève domination hollandaise, en 1830. Une autre révolution, industrielle celle-là, a comme épicentre la vallée de la Meuse et la ville de Liège. Si nos régions restent encore à la traîne pendant quelques années, les effets se feront sentir jusque dans les transports et dans les campagnes. Beaucoup de villages seront désenclavés. Les industries agricoles profiteront de la poussée démographique du XIXe siècle. Cependant, vers 1930, avec la révolution du tracteur et la modernisation de l'agriculture, de nombreux emplois se perdront et les fermiers deviendront minoritaires dans le village. Les phénomènes de rurbanisation avec l'afflux de nouveaux arrivants dans des zones résidentielles, les nouveaux zonings industriels et la multiplication des infrastructures de transport, transforment les villages, à la recherche d'un nouvel équilibre entre environnement et développement.